top of page
istockphoto-530922184-170667a.jpg

« Ô toi qui cherches le chemin qui conduit au secret

Retourne sur tes pas car c’est en toi que se trouvent le chemin et le secret » IBN Arabi

 

Le yoga, la méditation, la spiritualité, la thérapie….sont très marqués par le mouvement très puissant de la Croissance infinie, extensive, inspirée sans doute par la mode capitaliste….

La maturation prônée, vantée, adulée consiste à accroitre, se développer, amasser, accumuler, ajouter…

Toujours plus de techniques, de méthodes, de pratiques, de systèmes d’apprentissage, de compétences…

L’ouverture d’esprit et la maitrise seraient synonymes et même proportionnels à notre capacité à consommer toujours plus… amasser à l’exterieur…

Le développement personnel est glorifié , le « je » est devenu un sac qui se remplit a l’infini…vers une sur saturation d’espace libre !!!

 

Face à ce mouvement beaucoup de Traditions proposent le chemin inverse :

Elles invitent à se dépouiller, à enlever, se vider, moins de techniques, moins de formation…

Aller vers soi, non par accumulation mais au contraire par soustraction, enlever, défaire, déconstruire tous les conditionnements, tous les habits ou costumes qui nous ont été « imposés par la socialisation, la culture, l’éducation…les apprentissages…

Chaque jour pourrait être une invitation à enlever des choses pour s’en libérer…

Le « je » comme espace qui peut se dépouiller pour avoir chaque jour de plus en plus d’espace libre…

Cette espace libre rend alors disponible, chaque jour au Silence, à la simplicité, à la non-consommation, à l’écoute, à la passivité, à la lenteur, à la connection ( à la Nature, à Dieu, à la Source, aux autres…)

Et si on pousse un peu, en s’amusant bien sur,…le « vidage » mène vers l’espace infini en soi,

Lui même nous ramenant à l’infini, la Nature, la Réalité, la Vie, la Source, Dieu, l’Univers autour de nous…comme complet en soi, sans artifice, sans rien à ajouter, rien à consommer, rien à faire…ETRE!!!!

Se dépouiller pour se délecter de la plénitude du Rien, se vider pour se remplir de la plénitude du Rien...

Après ca devient trop intime, infini et magique pour l’ alourdir et l’ enlaidir de mots !!!

Donc les amis, chaque jour, chaque action, chaque respiration sont des opportunités pour se charger ou se décharger…

Amusez vous bien !!!

183502727_935949200495431_4972367105002085304_n.jpeg

Notre grand ami l’Ego nous embarque dans des rêves fantastiques concernant le Yoga, cette voie magnifique qu’il propose, comprenant chemins et méthodes pour se purifier :

Purifier le corps, puis l’âme, puis l’esprit…le plan de route fait rêver l’homme moderne stressé, sédentaire, séparé de son corps, de ses émotions…autant d’écoles, de styles, de crémeries avec des feuilles de route toutes aussi alléchantes et nourrissantes…

Au départ on en choisit une puis on « progresse » dans la compréhension, la maitrise, le faire, sur tous les plans il y a transformation, ascension…on devient yoga…pour sûr…
et bien…pas toujours…

Etrangement, cheminant toujours à contre courant, (par Insoumission ?), à rebrousse poil, ou plaisir de déconstruire… je me suis assez rapidement laissé emporté par des contre-mouvements, allant à l’inverse de ces rêves d’une terre magnifique que j’étais sensé atteindre…

Aller gratter à coté du chemin, entre les routes tracées par les anciens, les pieds prenant un malin plaisir à aller fouler une terre boueuse, plus sauvage, plus accidentée…

Et plus la pratique s’intensifie, plus je vois cette terre de pureté s’éloigner…et plus ces terres non balisées me fascinent.

Au début c’est très déboussolant, énervant, ca fait remonter des éclaboussures, des choses pas très belles sur soi, sur notre incapacité à rentrer dans un chemin clair, balisé, dorlotant, propre, épuré…

Réaliser que le chemin ne sera pas celui de là purification.
Réaliser que le chemin ne sera pas un chemin…
Réaliser qu’on peut avancer entre les chemins, sans chemin fixe…sans savoir ou l’on va.

Certains jours on avance d’un pas, voire d’un grand pas, le lendemain, on recule de trois…alors les seuls mots qui viennent sont ceux de l’errance, de vagabondage…merveilleusement susurrés par d’autres pèlerins qui sont embarqués dans cette aventure voire mésaventure.

Suite à la déconvenue, il y a un lâcher prise mental, corporel et émotionnel de celui qui accepte cet appel de l’errance, ce sans chemin, sans purification, sans « il faut faire ca, il faut faire comme ceci, il faut travailler cela »sans but précis…

Alors une détente finit par s’installer, et elle fait la place à des mouvements intérieurs, des élans, des mélodies douces, à peine perceptibles venant d’on ne sait ou et menant on se sait ou.

Se laisser embarquer dans ces élans, totalement nus, vides, vides de sens, de méthode, de direction…

Certains sentimentaux aiment parler d’élan du Cœur, d’élan divin, de connections, d’intuition…chacun se rattachant à une approche…

On peut aussi accepter de dénuder cet élan de toute étiquette…

On est du coup très loin d’une pratique, menant vers…

Mais plutôt d’une pratique flottante, qui suit des mouvements, intérieurs, extérieurs, parfois il y a correspondance entre les deux, clarification, parfois il y a traversée du désert…

Avec le temps il se dessine une évidence toute simple, enfantine, celle du jeu, le jeu gratuit, sans intention, sans sens, ou on se laisse animer par un mouvement, une force…et on prend du plaisir à vivre ce qui se présente…

Parfois on est amené dans des situations inconfortables, floues, parfois c’est majestueux, parfois c’est inodore et incolore…

Ce Non-Yoga, hors des sentiers clairement balisés du Yoga et de ses représentants, qui nous aspire n’est qu’un prétexte pour découvrir ces mouvements intérieurs et se laisser embarquer, dériver, détourner, envouter, enivrer, par ce qui arrive, plaisant, pas plaisant, correct, incorrect, populaire, impopulaire…

Il est une invitation à visiter, respirer ce qui se présente, non pour son contenu, ni pour une quelconque finalité, si pure soit-elle…mais comme possibilité d’habiter le contenant.

Donc les techniques, les méthodes…sont étudiées non pour là ou elles me mènent ( pureté, justesse, maitrise…)mais pour revenir à l’espace intérieur, multiple, infini, plein de vie, vide de plein, parfois immobile, parfois mobile, dénudé, et traversé de courants multiples, variés, contradictoires, complémentaires...

Ce contenant, dans lequel le « je » semble habiter, plus je le découvre et moins je peux le définir, c’est par ses limites que je semble en voir les contours…et encore,

chaque limite corporelle, mentale, émotionnelle est une porte qui s’ouvre et donc un espace dans lequel je peux me promener, errer…non pour comprendre, ni maitriser, juste découvrir des reliefs, un terrain changeant, vaste, ouvrant lui-même sur d’autres limites, d’autres espaces…

Alors ces limites ne sont ni à abattre, ni à dépasser, ni à contrôler, même pas à comprendre, juste des paysages avec lesquels il est possible d’entrer en intimité, de jouer, de découvrir, de respirer, de voyager, de se perdre…

L’errance semble être cette disponibilité et capacité à entrer en intimité avec ce qui arrive et l’élargir, l’animer, le faire vivre…et surtout pas de le figer, le réduire à coups de qualificatifs, d’étiquettes, d’attributs, de mérites, de compétences, de faires…

Donc ce « Non-Yoga » est un non-chemin offrant une infinité d’explorations que la Vie nous envoie gracieusement par vagues successives…il nous reste à célébrer ces précieux cadeaux, et le jeu semble être un joyeux moyen de gouter à cela.

Je vous souhaite de jouer à vous perdre en dehors des chemins…ou pas…

 

Sujet proposé par Muriel Adaptersonyoga: Quelle a été votre dernière révélation en pratiquant le yoga?

https://adaptersonyoga.com/

Du déclic au non-déclic…la loi de l’absorption !

Et bien voilà le genre de sujet qui semble m’être interdit. Il semblerait que je ne reçoive jamais de « révélation » du style « ça y est j’ai enfin compris » !
Ma pratique est constituée autour de centaines, de milliers voir plus même, de répétitions.
Chaque répétition étant revisitée avec une certaine fraicheur., une ouverture...
Cependant le coté froid, froid mécanique, robotisé de la répétition, tant décrié par certains, à juste titre, présente un grand intérêt!

Il me permet de moins « consommer d’attention », ce qui assez rapidement me permet soit d’aller porter mon attention sur un autre point insuffisamment éclairé, soit revenir à une attention fondue dans l’ensemble du corps…voire plus facilement absorbé dans l’arrière plan.

Donc il y a des compréhensions qui se font, bien sûr, mais tellement imperceptiblement, au fil des répétitions…

Quand je travaille sur un détail alors je vais m’y atteler, séance après séance, je vais tellement devenir intime, m'y immerger…au point que ça devienne comme une porte ouverte, un paysage à observer, comprendre, écouter…et pas après pas je m’y « perds ».

Si bien que je n’ai jamais l’impression de me dire ça y est J’AI enfin compris le truc.
Sans doute des choses se font mais je n’ai pas cette sensation de « déclic » soudain…les choses s’intègrent, se font en progressivité, lentement…

Peut être aussi que je ne vise le corporel que pour le plaisir du retour dans le fameux arrière plan…et que ce dernier installe dans une évidence globale qui avale chaque petite avancée "corporelle".

Chaque « avancée technique » est intégrée, moulée dans cette Présence qui s’évase et se fond dans une sensation tellement plus vaste…qu’au final je ressens presque l’inverse…la non maitrise, ou une maîtrise qui se pilote d'elle-même...
Trouver une optimisation globale qui s'auto-maitriserait, et dont j'aurais juste à ne pas trop déformer en y installant une Présence éclairée mais non volontaire!

Les détails techniques qui me démangent, et il y en a un paquet, par exemple en équilibre sur les mains, comment polir la bosse à l’arrière des épaules, ou polir la lordose lombaire, et donc trouver les ajustements, les vivre de plus en plus intensément…ils sont de vrais chemins que je visite à l’infini…

Et bien à un moment ils disparaissent…comme s’il y avait un non-déclic, à savoir l’inverse, quand la région est installée, ou éclairée, et bien elle se fond dans l’ensemble et ne démange plus l’attention, elle prend discrètement sa place ! Presque elle disparaît…
Au début de ma pratique je fonctionnais beaucoup à coups de déclics, je voulais tout saisir, point par point…puis au final j’en perdais le liant.
Aujourd’hui je suis plus intéressé par l’intégration globale, harmonieuse liant toutes les dimensions des postures , dpour arriver à ce Silence comme mouvement d’ integration :
La visualisation, la justesse biomécanique, le souffle, l’intention, la Présnece…et tout cela se fait d’un mouvement grossier vers quelque chose de plus en plus subtil, léger fin…si bien qu’il se trouve discrètement installé dans le TOUT.

Au point que je n’ai même plus l’impression d’en être l’auteur, juste un réceptacle ouvert pour accueillir…

Suffisamment s’effacer pour laisser les choses se déployer harmonieusement.
Le yoga que j'explore serait donc ce chemin très instable, voire escarpé entre Présence et effacement...
de temps en temps il semble se produire un équilibre, mais il est reçu et non volontaire...la volonté proposant systèmatiquement une cadre trop mental...
La justesse serait un cadeau tombant du Ciel, un entre deux ou le mental est à la fois présent et effacé...
Sans doute ce qui nous connecte au Grand Mystère...

PS Muriel Adaptersonyoga propose des articles très intéressants sur les ajustements posturaux, avec son axe de santé / soin du corps, et il est rassurant d’observer une relative convergence vers laquelle nous pointons…
Et si divergences il y a, Hallelujah!!!!!
Etre capable d’en discuter tranquillement pour s’enrichir, ouvrir nos visions, nos bagages, nos propositions…

Je vous invite donc à aller vous y promener:
https://adaptersonyoga.com/articles/

Le Non-Yoga ou l’art d’arpenter les « Chemins qui ne mènent nulle part »

bottom of page